Les anti-chambres et le salons


A cet étage d'apparat, nécessaire aux réceptions, l'aménagement de l'espace présente une parfaite symétrie autour de la pièce principale : le grand salon. Sur un axe allant du nord au sud, se répondent deux antichambres, deux salons, une salle à manger au nord et un salon de jeux (aujourd'hui salon Carnot) au sud. Une enfilade de cinquante-cinq mètres de long est aménagée du salon nord au salon sud en traversant le grand salon.

Cet ensemble de pièces homogène est décoré d'une abondance de moulures, de dorures, les murs sont recouverts de soieries signées de la maison Tassinari et Chatel ; il est éclairé d'une multitude de lustres scintillants, en cristal et en bronze, chacun pesant 1 000 kilogrammes. Faste et magnificence sont complétés par un ensemble de sculptures et de peintures murales.

L'antichambre Nord est ornée d'un ensemble peint, dépôt de l'Etat encore, signé de François Desportes, peintre du XVIIIe siècle. Ce sont deux cartons de tapisseries intitulés Les nouvelles Indes.

Dans l'antichambre Sud, toujours à travers deux peintures murales signées de Jean Restout et datant des années 1750, sont à nouveau représentées l'architecture et la peinture. L'architecture est évoquée par la visite de Carthage par Didon, fondatrice légendaire de la ville, et Enée ; la peinture par la venue d'Alexandre le Grand dans l'atelier du peintre Apelle chargé de portraiturer la belle Campaspé.

La salle à manger et le salon Carnot ont pour décor, entre autres, des œuvres peintes à la gloire de la déesse Diane. Dans la salle à manger, au-dessus de la cheminée, elle est représentée avec deux compagnes par le peintre lyonnais Nicolas Sicard ; au plafond du salon Carnot, Joanny Domer la peint sur le point de tuer le jeune chasseur Actéon qu'elle a transformé en cerf. La décoration picturale de ce même salon est complétée par une œuvre placée au-dessus de la cheminée : elle a pour titre la Cueillette des mûriers, allusion évidente à l'industrie de la soie, et est signée de Fernand Lequesne. Le nom de ce salon rend hommage au président de la République Sadi-Carnot, assassiné à Lyon, le 24 juin 1894, par un anarchiste italien Caserio.

Les deux portes des salons nord et sud, donnant accès aux antichambres, sont surmontées de bouquets de fleurs exubérants dus au talent de Castex-Degranges. Ce peintre lyonnais rappelle ici, notamment par la précision du dessin et la minutie de la facture, l'étroite relation entre la peinture de fleurs et le dessin de l'industrie de la soie. Les artistes, bien que toujours lyonnais, sont différents quant aux œuvres placées au-dessus des cheminées de ces mêmes salons nord et sud : dans le premier, Tony Tollet évoque l'allégorie du printemps sous les traits d'une jeune femme et de deux fillettes ; dans le salon sud, Castex-Degranges mêle à une guirlande de fleurs le blason du département du Rhône.

L'ornementation du Grand Salon est dominée par le Triomphe de Vénus, vaste peinture murale, signée du peintre académicien Léon Comerre et placée au plafond. Le régime républicain est évoqué par la couleur tricolore des pennes des flèches. Dans deux lunettes latérales, Comerre complète cette œuvre, au nord, par la présence du confluent du Rhône et de la Saône, spécificité géographique de Lyon, au sud, par le triomphe de cette même ville illustrée par une jeune femme assise de face sur un trône, couronnée, vêtue d'un manteau pourpre et entourée d'une "canuse" et d'une allégorie des Beaux-Arts ; toutes les trois sont placées à l'avant d'un paysage architectural lyonnais. Enfin, le reste de la pièce est décoré, en particulier dans la voussure du plafond, de six petites lunettes, signées de Léon Comerre, toujours à l'effigie de l'Amour, des initiales R.F. et de médaillons représentant les Quatre saisons, œuvres de Louis Bardey, de quatre génies ailés sculptés, tous dus à Claude Labranche ; les bustes de deux lyonnais, l'économiste Jean-Baptiste Say et la poétesse Louise Labé dite la Belle Cordière, celui de Marianne surmontent chacun l'une des trois portes.